Un sort si noir et éternel (The Cursebreakers, Tome 1) - Brigid Kemmerer

Titre : Un sort si noir et éternel, Tome 1

Saga : The Cursebreakers

Auteur(s) : Brigid Kemmerer

Editions : Rageot

Résumé

Un soir, dans les rues de Washington, Harper, 17 ans, est témoin d’une tentative d’enlèvement. Faisant fi du danger, la jeune femme, partiellement handicapée, s’interpose. Mais le kidnappeur lâche sa première proie et, après avoir maîtrisé Harper, l’emmène avec lui… D’un coup de baguette magique, ou presque, Harper bascule dans un autre monde. Elle découvre un lieu qui a tout du château de conte de fées : orchestre sans musiciens, cuisine enchantée et, bien sûr, prince beau et énigmatique. Prince maudit, en vérité. Coincé dans un automne éternel, le prince Rhen cherche à débarrasser son peuple d’une créature sanguinaire. C’est pour briser le sort qu’il ordonne au commandant Grey d’enlever des jeunes femmes, saison après saison… Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est lui-même ce monstre assoiffé de sang. Pour rompre la malédiction, il doit se faire aimer avant le début de l’hiver, avant qu’il ne se remette à tuer… Rien de plus aisé, en apparence, pour ce jeune homme séduisant. Pourtant, aucune des centaines de jeunes femmes avant Harper n’a succombé à son charme. 

Ma Chronique

Note : 4/5

J’ai aimé

Avant de commencer, est-ce que l’on pourrait s’arrêter 2 minutes afin d’admirer cette couverture ? Aussi, je dois l’admettre, avant même de découvrir le résumé, c’est bien la couverture qui m’a d’abord attirée. Bien évidemment, le synopsis n’est pas non plus en reste puisque c’est aussi grâce à celui-ci que Un sort si noir et éternel me faisait de l’œil. De plus, lorsque j’ai appris que cette histoire était une réadaptation de La Belle et la Bête, je ne pouvais pas faire l'impasse sur ce premier tome !

Étant une grande fan des contes revisités, j’étais curieuse de découvrir la façon dont Brigid Kemmerer allait le mettre à sa sauce. Car les réécritures ne manquent pas et c’est toujours à double tranchant quand on propose un récit de ce genre. Cependant, j’ai pour ma part été plus que convaincue avec Un sort si noir et éternel. Ce n’est peut-être pas le coup de cœur que j’espérais, mais j’ai tout de même passé un très bon moment.

Dans ce premier tome, nous faisons la connaissance de Rhen et Harper. Rhen, prince maudit du royaume d’Emberfall, est contraint depuis de nombreuses années à vivre inlassablement un automne éternel. Si à la fin de chaque automne, le prince ne parvient pas à annuler la malédiction, alors ce dernier se transforme en une bête sanguinaire qui détruit tout sur son passage. Mais cette fois-ci, ce sera le dernier automne pour Rhen, sa dernière chance de trouver l’amour. S’il ne parvient toujours pas à se faire aimer d’une jeune femme avant le temps imparti, alors Rhen mourra et son royaume sera perdu. Cependant, avec l’arrivée d’Harper, Rhen pourrait bien espérer un retour à la normale. Seulement voilà, Harper ne se laisse pas facilement berner par de belles paroles et tout ce faste que Rhen utilise habituellement pour séduire une femme. La délivrance n’a jamais été aussi proche et aussi loin à la fois...

Comme je le disais, il est toujours risqué de vouloir se lancer dans une réécriture. Il faut toujours faire mieux et ajouter ce petit truc en plus qui fera de la réadaptation un récit original. C’est pourquoi, comme à chaque fois que je me plonge dans une histoire de ce genre, j’ai un peu d’appréhension. J’ai toujours peur que l’histoire ne se démarque pas assez et qu’elle soit finalement trop calquée sur l’originale. En ce qui concerne Un sort si noir et éternel, je n’ai pas eu ce problème.

Certes, il est facile de se rendre compte que l’auteure s’est inspirée du conte de La belle et la bête, mais Brigid Kemmerer est malgré tout parvenue à se l’approprier. Ainsi, réalité et imaginaire se mêlent à cette histoire. En effet, si Rhen vient d’un autre monde, Harper quant à elle vient de notre monde. C’est justement là toute la particularité du récit. L’auteure nous offre une réécriture moderne avec tout de même un côté fantasy un peu plus présent.

En toute honnêteté, je pensais avoir rapidement deviné la fin puisque sur le moment l’intrigue me semblait assez prévisible. Toutefois, j’ai été agréablement surprise par le suspense qui se dégageait du récit. Plus les pages défilaient et plus je me posais mille et une questions, je ne savais tout simplement plus à quoi m’attendre. C’est là que l’on voit que la réécriture fonctionne, on finit complètement par oublier que s’en est une. De plus, la plume de Brigid Kemmerer est très fluide et super-addictive. Bien que le livre soit assez dense, près de 700 pages, les chapitres se lisent à une vitesse folle ! Une fois que l’on est embarqués dans l’histoire, on ne peut plus s’arrêter ! Après, j’ai quand même trouvé que le milieu du livre était un peu plus calme, autrement le rythme est très bien.

Autre point positif de ce roman, les personnages. On nous avait promis une héroïne badass et on l’a eu. Harper souffre depuis sa naissance d’une paralysie cérébrale. Pour n’avoir jamais eu d’héroïne qui présentait ce type de handicap dans n’importe quel livre, je dois dire que c’était surprenant au départ, mais dans le bon sens du terme. J’ai vraiment apprécié ce choix de l’auteure. C’est rafraîchissant de découvrir une héroïne qui ne soit pas faite dans le même moule que les autres. Loin d’être une faiblesse, Harper fait de son handicap une force. C’est une battante, une jeune femme qui n’hésite pas à se mettre en danger pour aider les autres. Elle est aussi loin d’être naïve et facilement influençable. La preuve, Harper n’a pas attendu longtemps avant de remettre le prince à sa place. J’ai beaucoup aimé son personnage.

Pour ce qui est de Rhen, on est loin du prince arrogant et arriéré. Peut-être qu’il l’a été à un moment donné, mais c’était une autre époque et depuis la malédiction, Rhen a apparemment bien changé. C’est quelqu’un qui se soucie des autres, qui fait passer les besoins des autres avant les siens et qui n’hésiterait pas à se sacrifier pour sauver son peuple. Contrairement à Harper, on apprend très peu de choses sur Rhen. Son histoire nous est contée au fur et à mesure, on a un peu l’impression de découvrir une bribe de sa vie à chaque nouveau chapitre. Ça ne m’a vraiment dérangé en soi, je trouve que ça le rendait encore plus énigmatique et inaccessible. Rhen est aussi quelqu’un de très attachant, de très doux. Peut-être pas le prince charmant que l’on pourrait imaginer, mais ça le rend davantage intéressant.

Pour finir, le résumé pourrait laisser entendre que l’intrigue tourne principalement autour d’une romance entre Harper et Rhen, puisque l’amour est soi-disant la clé pour en finir avec la malédiction, cependant la romance n’est pas forcément le sujet qui ressort majoritairement du récit. Certes il y a de la romance, la relation entre Harper et Rhen a évolué, mais il est aussi beaucoup question du royaume ainsi que de trouver un moyen pour le sauver. À vrai dire, c’est très plaisant de suivre une romance qui ne s’installe pas immédiatement. J’aurais cru, étant donné le contexte, que l’auteure se concentrerait surtout sur celle-ci, pourtant ce n’est finalement qu’un détail de l’histoire, du moins en ce qui me concerne. Je pense que la romance entre Harper et Rhen sera davantage développée dans la suite.

En conclusion, Un sort si noir et éternel est une réécriture très originale qui introduit un univers captivant ! J’ai passé un très bon moment et j’ai hâte de découvrir la suite, surtout après cette scène de fin qui nous laisse dans le flou le plus total. Je ne l’avais vraiment pas vu venir celle-là ! En bref, une belle lecture menée par des personnages hauts en couleur que je vous recommande sans hésiter !