Titre : You Know I’m No Good
Auteur(s) : Jessie Ann Foley
Éditions : Hugo Roman (New Way)
Résumé
Mia fait partie de ceux que l'on appelle les " adolescents à problèmes ". Mauvaises notes, soirées arrosées, garçons... Du moins, elle le réalise quand, après qu'elle a frappé sa belle-mère en plein visage, son père l'envoie à la Red Oak Académie, un foyer thérapeutique pour jeunes filles au fin fond du Minnesota. Là-bas, Mia commence à affronter son passé tumultueux, en compagnie de sa psy mais aussi de ses camarades, qui traînent toutes leur lot d'erreurs en tout genre. Rapidement, une chose la chagrine : si les filles du foyer étaient des garçons, leur sort serait-il le même ? Suite aux révélations qui la poussent de plus en plus à questionner la façon dont la société traite les femmes, Mia baisse la garde. Saura-t-elle accepter de se rendre vulnérable au point d'être perçue du monde telle qu'elle est vraiment ?
Ma Chronique
Note : 4,5/5
J’ai beaucoup aimé
Je remercie les éditions Hugo New Way pour l’envoi de ce roman.
Premier roman de l’année de la collection New Way et très bonne surprise pour moi. En démarrant You Know I’m No Good, je ne pensais pas que ma lecture serait agréable à ce point. Le résumé m’avait plutôt donné envie de découvrir la vie tourmentée de Mia et les sujets abordés me parlaient énormément. Pourtant, j’avais tout de même une certaine appréhension, car en ce qui me concerne, pour les romans de ce genre c’est à double tranchant. Je peux adorer comme tout aussi bien détester l’histoire, mais You No I’m No Good peut se vanter d’avoir rejoint la liste des Young Adult qui resteront encrés longtemps dans mon esprit.
La première chose que j’ai immédiatement retenue, c’est tout simplement la beauté et la sincérité de la plume de Jessie Ann Foley. Je n’ai vraiment eu aucun mal à me faire happer par le récit, dès les premières lignes l’auteure était déjà parvenue à captiver mon attention. Il faut dire qu’il est tellement facile de se retrouver dans cette histoire ! Par le biais de Mia, on découvre le quotidien, les épreuves qu’ont dû surmonter ces filles dites « difficiles » et à « problèmes ». Mais en réalité, qu’est-ce que cela veut dire « adolescents à problèmes » ? Sont-ils vraiment des « adolescents à problèmes » ou simplement des adolescents qui ont fait des mauvais choix, des erreurs, vécu des drames comme tout le monde et qu’on a tout bonnement laissés de côté ?
J'ai découvert que lorsqu’on échoue à un truc et que le monde ne s'effondre pas, ça devient très facile de tout foirer. On réalise qu’il y a pire qu’échouer. On réalise que la plupart des choses que les adultes essaient de nous vendre comme étant importantes et nécessaires ne sont en fait que des conneries et que tout se qu’on pensait important auparavant ne l'est pas au final.
C’est justement là toute la beauté de l’histoire. Car c’est par l’intermédiaire de sujets forts, percutants et magnifiquement bien traités, que l’auteure pousse le lecteur à se poser les bonnes questions et de voir les choses d’une façon différente. Comment savoir si on est jolie ? Est-ce les autres qui décident pour nous ? Peut-on considérer une relation sexuelle comme non consentie, alors que c’est nous qui avons commencé ? Est-ce de notre faute ou celle de l’autre ? Les personnes qui traitent une fille de « facile », réagiraient-ils de la même façon si c’était un garçon ?
Tant de questions que nous sommes amenés à nous poser au fil du récit et qui nous font réaliser à quel point notre vie est dictée par les préjugés. Ainsi, vous l’aurez peut-être compris, l’histoire de Mia traite tout un panel de sujets tels que l’estime de soi, les agressions sexuelles, l’acceptation et c’est avec beaucoup de douceur que Jessie Ann Foley les présente. Très franchement, les émotions de Mia étaient tellement bien retranscrites que je me suis très souvent surprise à avoir les larmes aux yeux. Son histoire personnelle est vraiment bouleversante.
Ils sont nombreux à avoir touché mon corps, plus encore à l'avoir regardé, à l'avoir maté, jugé, cloisonné et classé sur leurs différentes échelles d'attractivité et d'acceptabilité. Mais quelqu’un l'a-t-il seulement contemplé ? L'ai-je moi-même déjà contemplé ?
Autre point qui a rendu cette lecture très sympathique et agréable, c’est la construction du récit. Les chapitres sont assez courts ce qui permet de donner du dynamisme, l’auteure ne passe pas des pages à nous expliquer le pourquoi du comment. Elle va tout droit à l’essentiel, droit au but comme on dit, et n’encombre pas le texte de fioritures. C’est pour cela, que la lecture se fait très rapidement, facilement et les pages se tournent toutes seules. De plus, le fait que la narration se fasse à la première personne est d’autant plus efficace. Comme cela, j’ai davantage eu l’impression de me retrouver dans la tête de Mia et on peut facilement sentir tout le sarcasme et le cynisme dont elle fait preuve face à sa situation. En gros, j’avais vraiment la sensation de me retrouver dans la tête d’un ado.
D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé le personnage de Mia. J’ai adoré son côté dur à cuir, mais qui au final cache également une grande sensibilité. Comme je le disais plus haut, son histoire m’a bouleversée. Mia a vécu des choses difficiles, des drames se sont produits dans son enfance et au lieu d’essayer de la comprendre et de l’aider, j’ai eu la sensation que la société la rejetait alors que Mia ne demandait seulement qu’à être écoutée. J’ai pris plaisir à la voir évoluer au fil des pages, à la voir murir, s’épanouir pour au final ressortir plus forte qu’elle ne l’était avant.
Je crois que toutes les filles à problèmes, comme nous, ont leur propre paysage, leur propre façon de grandir. Certaines d'entre nous sont arrivées durant la saison des pluies et ont été dépouillées de leurs meilleures saveurs par des gardiens négligents ; d'autres sans défense se sont ratatinées sous une trop grande chaleur. D'autres encore ont été trop cajolées, conduisant à une surexploitation. Et puis il y a celles qui ont été complètement ignorées, vouées à ne pas grandir, à devenir amères et sauvages.
Pour finir, si je devais soulever un seul point négatif dans ce roman, ça serait l’absence de confrontation entre Mia et ses parents. Alors oui, cette confrontation a eu lieu, seulement on y passe très rapidement dessus et nous n’avons pas tout le déroulé. C’est dommage, car je pense qu’il aurait été super intéressant d’avoir un aperçu détaillé de cette discussion parents/enfants. Pour moi, Mia aurait peut-être eu moins de difficultés dans sa vie d’adolescente si son père et sa belle-mère avaient davantage fait un peu plus attention à elle. Mia a ses torts, mais il ne faut pas oublier que ça reste une enfant et je trouve malheureusement que son père a trop vite baissé les bras avec elle.
En conclusion, je ne peux que vous conseiller ce roman qui mérite d’être lu par un grand nombre de personnes, aussi bien les jeunes que les moins jeunes. You Know I’m No Good est une lecture qui permet de nous faire réfléchir, de nous faire revoir nos a priori, par le biais d’une histoire juste, réaliste et tout simplement saisissante.